Réflexions
sur l’origine du langage : le voicing
Par Jacques
Halbronn
La
pratique musicale du voicing nous
apporte-t-elle quelque éclaircissement sur l’origine du langage ? Nous qui
pratiquons le « voicing » dans
certains de nos compositions musicale (cf. récemment la sonate
« Ukraine » sur You Tube). La
faculté de voicing correspond à une
capacité à produire un langage non existant. On peut apprendre à émettre une
forme de « charabia ». L’avantage du voicing, c’est qu’il se prête à
l’improvisation, ce qui ne saurait être le cas dans une langue existante. Le
voicing est une « parole » libre qui a pu être une faculté
pratiquée par nos ancêtres. D’ailleurs
les très jeunes enfants ne pratiquent-ils pas une langue à eux avant de
se convertir à une langue déjà établie. Cela pourrait se développer de façon
plus systématique si les parents pratiquaient eux aussi ce
« voicing ».
Notre
hypothèse est que les langues organisées
auraient succédé à ces pratiques impromptues et collectives qui auraient précède
largement l’amorce de langues codifiées. En ce sens, d’ailleurs, la musique
serait aussi la fille du voicing par le biais d’instruments externes. Le
voicing serait donc la source à la fois des langues structurées et des
musiques.
Il
nous semble donc assez peu intéresssant de combiner des poémes avec des
improvisations instrumentales (cf le
groupe « Les Aléas » sur You
Tube, Fondation Suisse). Il aurait été
plus efficace de recourir au voicing, comme cela se fait en jazz, sous une
autre dénomination.
Pour
notre part, nous n’avons guère d’intérêt à déclamer des textes en telle ou
telle langue (cf la Cave à poémes de Gérard Trougnou et la soirée consacrée à
notre grand-mère, Claude Jonquière, sur You Tube) et nous nous sentons beaucoup plus libres quand cela ne passe ni
par la lecture, ni par la mémoire.
Comment
fonctionne le cerveau pour produire pendant des périodes assez longues une suite de « mots » (si l’on
peut ainsi qualifier de telles unités de son) qui font sens sur le plan du
ressenti mais qui ne sont pas codifiés
En
fait, l’attachement au texte en une langue donnée est d’autant plus fâcheux
qu’il entraine avec lui toute la musique
dans son sillage formel.. En libérant la langue, on libére la musique car la
partition est le pendant du texte écrit.
On
aura compris que nous attendons des musiciens qui n’occupent pas leur bouche
par des instruments à vent, à savoir les cordes (violon, guitare, contrebasse etc.),
le piano, les percussions. Il est regrettable que- sauf dans le cas de
chansons- le pianiste n’ouvre pas la bouche et dans le meilleur des cas, la
partie vocale est dévolue à une autre personne.
Pour
nous, la composition doit intégrer en une seule personne les mains et la
bouche, sans qu’il y ait besoin de dédoubler. Dans l’esprit des gens, le fait de recourir à plusieurs supports
musicaux implique ipso facto de faire appel à plusieurs interprètes. L’argument
ne vaut évidemment pas pour tout un orchestre – mais on parle d’un
« homme-orchestre » - mais
l’orchestration – (brillamment pratiquée par Maurice Ravel pour les
Tableaux d’une Exposition d Moussorgski) est un état ultérieur qui ne permet
guère l’improvisation, ce qui condamne
de facto le public à entendre des œuvres déjà connues, et inévitablement
réchauffées au lieu de donner la priorité à la création vivante. Rappelons
aussi que pour nous qu’il n’est pas nécessaire d’apprendre la musique pour être
compositeur et que cette apprentissage est plutôt le signe d’un certain manque
de dons musicaux. Il ne faudrait pas faire d’un handicap une sorte de voie
royale.
JHB
25
02 14
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