samedi 21 mai 2022

Jacques Halbronn Langue et musique. Pour une oralité non réductible à l'écrit. Le français.

jacques halbronn Langue et Musique. Pour une oralité non réductible à l’écrit. Le français Le XXIe siècle a vocation à faire primer l’oral sur l’écrit du fait notamment de sa technologie de plus en plus sophistiquée de l’enregistrement et en ce sens, on ne saurait prendre modéle sur les pratiques de notation et de dictée musicale d’antan. En tant que compositeur, nous mêmes, il nous semble difficile de « noter » notre musique tant les sons que nous produisons, au piano, sont complexes de par leur superposition. Cela peut semble paradoxal en ce qui concerne justement le piano, lequel semble précisément conçu pour suivre à la lettre les directives d’une partition tant et si bien que l’on peut programmer informatiquement un clavier en conséquence. De la même façon que le français enchaine les syllabes et les mots en les télescopant au moyen de liaisons, d’apostrophes, qui rendent difficile le passage à l’écrit; du fait de l’enchevêtrement, de l’intrication ainsi produites, de même au niveau musical tendrons-nous à procéder pareillement en n’isolant, ne séparant pas les notes les unes des autres. D’où l’idée d’une musique improvisée et enregistrée et non d’une musique consignée sur le papier comme cela fut le cas si longtemps. En fait, le compositeur fut longtemps conditionné par l’aboutissement écrit et reproductible par n’importe quel interpréte alors que désormais, il devrait se sentir bien plus libre de laisser ses mains s »exprimer car pour nous, nos mains dirigent notre acte de composition et n’ont que faire de se plier à la nécessité d’une mise par écrit de la musique ainsi générée. Lorsque nous composons, nous n’avons à nous soucier de quelque mode de reproductibilité puisque notre musique est enregistrée, et cela vaut pour le compositeur lui-même qui n’a pas à se reproduire à l’identique, à la demande. Pour nous, face à l’instrument, le compositeur est voué à pratiquer une improvisation « déchainée », desenchainée. Le français obéit selon nous à un tel impératif de non répétition. Le locuteur français n’est pas censé se répéter, chacune de ses formulations, de ses interprétations de l’écrit est unique et ne peut donc que continuer à exister telle quelle que sous une forme enregistrée. En ce sens, si le français se modéle sur la musique, la musique doit s’inspirer du français,à l’ère de l’audiovisuel. JHB 21 05 22

Jacques Halbronn Le français est une langue musicale. Pour une musiqu...

Jacques Halbronn Blind Music Providence n° 88