vendredi 17 décembre 2021

Jacques Halbronn Génie et préscience, science infuse.

jacques Halbronn Génie et préscience, science infuse. Ce que Descartes appelle le « bon sens » (Début du Discours de la Méthode) est une notion assez mal définie.(cf ‘ L héritage cartésien : l’égalité épistémiq due’ par Louise Marcil-Lacost). Nous faisons partie de ceux qui pensent que la formule est soit ironique, soit erronée, fondée sur une certaine illusion puisque nous associons le bon sens au génie. Pour nous, le bon sens est lié à une forme de préscience, qui donnerait des antennes à certains, leur permettant de s’orienter dans le dédale des savoirs et des « sciences », tel un fil d’Ariane. Ceux qui seraient dépourvus de ce « bon sens » ne seraient pas en mesure de séparer le bon grain de l’ivraie, le vrai du faux, seraient comme des « égarés » (cf le Guide de Maimonides). Seuls quelques élus, au fond, auraient cette grâce que l’on appelle aussi science infuse, ce qui renvoie au subconscient ou à la Subconscience versus la Surconscience. (cf notre mémoire sur SCRIBD Réforme et réenchantement, 2014) Nous choisirons l’image du lecteur de l’hébreu qui doit connaitre la langue avant d’avoir accés à l’écrit. Il ne déchiffrera que ce qu’il connait déjà, par avance. L’oral ici est la clé, l’antichambre de l’écrit. Il est vrai que ce qui nous est transmis par l’écrit est susceptible d’avoir subi bien des altérations, des corruptions de toutes sortes, problématique qui en vérité aura été au coeur de nos recherches. Et le conseil des Evangiles quant au bon grain et à l’ivraie ne nous dit pas comment procéder pour y parvenir, pas plus que ne le fait Descartes, d’ailleurs. Quelque part, la préscience implique un certain sentiment de « déjà vu », une familiarité avec le sujet abordé qui permet de s’y retrouver, de s’y repérer dans le temps et dans l’espace, dans la diachronie comme dans la synchronie. C’est tout un art de savoir reconstituer, réparer ( le Tikoun des Kabbalistes) et ce n’est pas donné à tout le monde même si personne ne se plaint de manquer d’un certain « flair ». (cf nos Mathématiques Divinatoires, préface de Jean Charles Pichon, 1983). Le structuralisme implique probablement de telles dispositions d’esprit. Celui qui n’est pas « doué » est condamné pathétiquement à une certaine vanité de ses entreprises et tentatives. Pour nous la philosophie s’inscrit dans une certaine quéte maieutique de « vérité » (sophia) mais l’on sait que « les grands esprits se rencontrent. »Nos avons pu remarquer que nous sommes inégaux dans notre aptitude à connecter, à croiser les données dont nous disposons et cela tient notamment à une certaine rigidité du langage, de la pensée chez ceux qui sont privés de génie, du fait d’un manque de fluidité. Ils ne font assez marcher leurs méniges, faire remuer leur « matière grise ». Pour en revenir au langage (cher à Chomsky), nous dirons que la langue française parlée comme il faut -et non écrite est propice à développer l’intelligence en raison même de son économie de moyens, de son abstraction. Nous pensons notamment à ce sens de l’enchainement des mots, des liaisons, des apostrophes, qui exige une écoute très pointue de l’auditeur, une forte concentration et en ce sens, notamment à la radio. Cela contraint l’auditeur à faire appel à toutes ses ressources pour décoder ce qu’il entend, ce qui exige en fait qu’il sache déjà, par avance, ce qui est en train d’être dit; ce qui nous raméne à l’idée de prescience, ce dont le nouveau né doit certainement être pourvu, lui qui ne peut s’aider des béquilles de l’écrit. A contrario, celui qui a trop pris l’habitude de lire risque fort de tarir une certaine forme d’inspiration et donc d’improvisation… JHB 17 12 21

vendredi 23 avril 2021

Jacques Halbronn Défense et illustration de la langue française comme langue connective

Défense et illustration de la langue française, comme langue connective. Il n'est pas facile de communiquer oralement en français quand on n'a pas été formé. Une chose est de parler cette langue, une autre de la comprendre lors d'un échange verbal.Cela tient au caractère consonantique de cette langue qui notamment n'abuse pas du « o » et du « a » comme marqueur de genre, à la différence de tant de langues comme l'italien, (bello/bella) l'espagnol, le russe ou l'arabe et l'hébreu. En ce sens, le français se rapprocherait plutôt de l'allemand.(klein/kleine) Une tradition orale – car rien n'est explicité expressément – veut que l'on pratique systématiquement les liaisons entre les mots mais aussi à l'intérieur des mots. (inter et intravocalique) Cette façon de procéder donne une extréme fluidité au français qui peut évidemment déconcerter l'auditeur non préparé, non « dressé » et malheureusement, l'enseignement du français langue étrangère est fort défectueux à ce suje et ne prépare pas l'étranger ou le novice à se plonger dans le « grand bain » de la conversation à la française. Ajourons que le français, par voie de conséquence, ne se préte pas à la poésie classique avec sa métrique, ses pieds..La syllabe, voilà l'ennemi, cela crée une langue hâchée. Or, le maître mot pour maitiser le français, c'est la liaison et en ce sens nous dirons que le français est une langue connective. Parmi, les locuteurs du français il y a ceux qui savent connecter et ceux qui en sont plus ou moins incapables, à la fois quand il s'agit de la parler mais pis encore quand il s'agit de la comprendre, de la décrypter chez autrui. Cela pourrait expliquer le succés de l'anglais qui distingue bien les mots et les syllabes, ce qui donne du confort. Echanger en français serait sortir de sa zone de confort, si l'on n'est pas un athléte confirmé de cette langue. En ce sens, le français parlé, celui des salons, serait par excellence la langue de l'élite. Mais que l'on ne s'attende pas à ce que les francophones aient pleine conscience, se rendent compte d'un tel phénoméne  d'autant que l'école leur tient un autre discours, notamment quand il s'agit de faire des dictées ou de la récitation. D'ailleurs nous avons pu faire remarquer que celui qui lit un texte en français ne parle pas la même langue, en quelque sorte, que celui qui la parle spontanément, instinctivement. L'hébreu semble avoir été une langue consonantique, la preuve étant que l'on n'écrit pas les voyelles sauf quand on a affaire à des profanes qui liront sans la comprendre, comme c'est le cas, le plus souvent, à la synagogue, sauf en Israël où l'hébreu est une langue vivante. Cela dit, à la différence du français l'hébreu parlé ne pratique par la liaison entre les mots et à l'intérieur des mots, ce qui exige de recourir à aussi peu de voyelles que possible, Or, force est de constater que si certaines conjugaisons des verbes se terminent par des consonnes, d'autres se terminent par des voyelles Ani omer, je dis, Ani rotsé : je veux. Passage d'une racine trilitère à une racine bilitère. Or, seule la forme trilitère permet à la consonantisation de se déployer et générer de la connexion, de la liaison. L'anglais aura parfois imité le français quand il place des apostrophes pou r remplacer le « not » : isn'it ? I don't..De même, quand son article indéfini se rend par « a » ou par « an » selon qu'il précède ou non une consonne. A man, An accident. Mais le pronom personnal de la première personne « I » se prononce 'Aye » au lieu du français « j » soit une consonne. J'veux, ce qui introduit le son « a » que l'on évite en français. D'ailleurs à propos de l'article indéfini en anglais, « a » se prononce «  e », ce qui est nettement plus discret, plus léger, on l'avouera.. Autrement dit, le français écrit serait sensiblement plus accessible que le français oral. On comprend qu'en France, les étrangers préféreront échanger dans une autre langue que le français ou parler le français entre eux, à un rythme moins astreignant et plus proche de celui de leur langue d'origine. Tout comme en Israel, les nouveaux arrivants rechigneront à lire des publications imprimées en caractères hébraïques. Mais somme toute le français aura su maintenir sa spécificité à l'oral mieux que l'hébreu, ce qui n'est pas étonnant au regard de l'Histoire. Déjà du temps de Jésus, l'hébreu était, semble-t-il, tombé en désuétude et nous avons déjà signalé de graves incohérences comme dans le cas de la conjugaison du prétérit de la deuxiéme et troisième personne du singulier avec un « a » inadéquat comme marqueur du masculin  que l'on trouve déjà avec le « Ata » des prières adressées à Dieu. Baroukh Ata au lieu de At.. Rappelons que la voyelle géne la connexion entre les consonnes, et que le « sheva » est comme un «  e muet » qui favorise singulièrement la dite connexion..Rappelons que le tétragramme qui serait le nom de Dieu ne doit pas être prononcé. Mais surtout il ne tolère pas les voyelles, à commencer par le « o » et le « a » d'un Jéhovah. Il semble que l'arabe ait mieux su préserver sa fluidité consonantique en recourant fréquemment au « e » , qui ne serait un son d'un troisième type -interconsonantique- assimilable ni à une voyelle, ni à une consonne mais produisant un son ténu entre consonnes qui ne vient en aucune façon casser le rythme, rompre, perturber la fluidité. Dans la Bible, il est question d'un récit, lié à la prononciation de Schibboleth (Art ; Wikipedia) Livre des Juges 12:4-6. « Dans cet épisode, les Guiléadites utilisent ce terme pour distinguer leurs ennemis éphraïmites parmi les fuyards. Les Éphraïmites se trompant sur la façon de prononcer la lettre shin, ils écorchaient là le dernier mot de leur vie . Lorsque Jephté, chef des hommes de Galaad, eut défait les Éphraïmites et pris les gués du Jourdain, de nombreux fugitifs voulurent traverser le fleuve. « Quand un fuyard d'Éphraïm disait : « Laissez-moi passer », les gens de Galaad demandaient : « Es-tu éphraïmite ? » S'il répondait « Non », alors ils lui disaient : « Eh bien, dis « schibboleth » ! » Il disait « sibboleth », car il n'arrivait pas à prononcer ainsi. Alors on le saisissait et on l'égorgeait près des gués du Jourdain. » C 'esr dire que la façon de parler le français peut signaler si l'on a affaire ou non à un étranger car la faculté de connexion, de liaison ne s'acquiert pas aisément. L'article précise  que Shibboleth , en hébreu désigne «  une phrase ou un mot qui ne peut être utilisé – ou prononcé – correctement que par les membres d'un groupe. Il révèle l'appartenance d'une personne à un groupe national, social, professionnel ou autre. Autrement dit, un schibboleth représente un signe de reconnaissance verbal" C'est dire que la connnaissance d'une langue ne se limite pas à l 'acquisition d'un lexique, d'une grammaire mais passe aussi par une dimension phonologique. Un autre aspect connectif de la langue française tient au fait que le français comporte des chaînes de mots plutôt que des mots isolés – on a soin et soigner, jouer et enjeu etc -et qu'il est bon d'en maîtriser les étymologies alors que dans d'autres langues, du fait des emprunts, bien des mots -comme en anglais, sont isolés, ce qui produit de la synonymie.(cf Claude Jonquière « L'orthographe d'usage rendue facile » 1957, sur SCRIBD) 23. 04 21